samedi 21 mai 2011

Fuji-san


Il faut savoir que le Japon est fort à l'est par rapport à son fuseau horaire : le soleil se lève donc très tôt, vers 4h, et se couche tout aussi tôt, avant 19h. Lorsque nous sommes arrivés hier soir au Fujimien, il était déjà passé 19h et la nuit bien tombée. Nous n'avions donc aucune idée aucune du paysage que nous réservait l'endroit. Notre patience a été amplement récompensée ce matin. Non seulement, le beau temps est au rendez-vous, mais l'air est suffisamment limpide que pour nous laisser découvrir le Fuji-san. La journée s'annonce sous de bonnes augures.

Nous descendons prendre le petit-déjeuner et nous nous servons à un buffet typiquement japonais: tofu, riz, algues, nato, miso, thé vert, boulettes de viandes, etc. Après quoi nous profitons une dernière fois du onsen, mais cette fois avec une vue splendide sur le mont Fuji. Je veux le même à la maison ;).

Connaissant très bien Hakone, Lisa et Mathieu nous ont conseillés d'acheter le Hakone Free Pass nous permettant de prendre n'importe quel transport en commun dans la région. Et c'est bien pratique et pas cher au vu des prix pratiqués individuellement (à ce propos je vous conseille de l'acheter à la compagnie de bus Odakyu à Shinjuku pour un tarif préférentiel de 3900 JPY). Armés de ce pass, nous avons sillonné la région toute la journée.

Après avoir fait nos sacs et quitté l'hôtel, nous descendons vers la station de Togendai pour prendre le bâteau "moche". Odile et moi restons quelque peu interloqués à l'usage de cet épithète par Lisa et Mathieu, mais ne pouvons qu'accéder à cet usage lorsque nous découvrons de nos propres yeux la chose : un ferry sur lequel on a collé un emballage de Gallion pirate tout à fait de mauvais goût, reléguant le kitch à la sobriété. Avant d'embarquer, nous laissons nos sacs dans une consigne, histoire de ne pas les trimbaler inutilement.

Hormis le bateau, cette traversée du lac Ashi jusqu'à Hakone Machi est un vrai ravissement. Nous profitons du Fujisan, du lac, de ses berges verdoyantes accueillant une forêt dense majoritairement composée d'érables ... nous laissant imaginer le paysage époustouflant d'automne, le mont Komagatake se trouvant au centre de toute la région, ou encore un torii en pleine eau à plusieurs mètres des berges près de Moto Hakone. Une fois arrivé à Hakone Machi, nous prenons le bus jusque Hakone Moto. De là, nous redescendons à pieds vers notre point de départ, Hakone Machi.

Nous empruntons tour à tour une promenade le long du lac, un tronçon de 2km d'une ancienne avenue bordée de cèdres qui reliait Edo et Kyoto au 17ème siècle, et le Detached Palace Garden. Ce dernier nous offre une promenade vallonnée nous amenant suite à une volée d'escalier à un superbe point de vue sur le Fuji-san et le lac Ashi, et ensuite sillonnant au travers de la forêt attenante  pour se terminer à Hakone Machi. Il est alors midi bien sonnante et la faim se fait sentir. Nous nous arrêtons dans un sobaya servant ... des sobas, autrement dits des nouilles à base de sarrasin. Odile et moi prenons un bol de soba chaude dans un bouillon basé sur un fond d'algue et de sauce soja accompagné de poireaux et de légumes de montagnes (haricots, champignons, et puis des légumes typiques dont je ne connais le nom).

Nous reprenons ensuite le bateau moche jusque Togendai avec pour objectif l'Owakudani, où se trouvent des fumeroles de souffre. Pour se faire, et après avoir récupéré nos sacs, nous montons dans un téléférique nous y amenant directement, le droit d'accès étant à nouveau couvert par le pass (une bonne affaire je vous le disais). Lors de la montée, nous n'avons plus le plaisir d'admirer le Fuji-san, désormais caché par les nuages. Aux dires de Lisa et Mathieu, nous avons eu droit à une journée exceptionnelle pour le contempler. Mais revenons à notre objectif, l'Owakudani. Il s'agit d'une formation volcanique vieille de plus de 3000 ans encore active et relâchant des fumées de souffre. C'est d'ailleurs une source thermale sulfureuse qui alimente plusieurs onsen de la région. Il y est également maintenu une exploitation de souffre. Mais cela n'est pas le clou de l'attraction. Si tout le monde s'empresse de visiter l'Owakudani, c'est principalement pour goûter les Kuro Tamago, littéralement les oeufs noirs. Au niveau des fumerolles, ils cuisent en effet des oeufs de poule dans l'eau chaude et sulfureuse et produisent les fameux Kuro Tamago. Ceux-ci auraient des vertus permettant d'allonger l'espérance de vie ... Une fois descendus du téléférique, nous empruntons une longue volée de marche et découvrons le mini téléférique amenant les oeufs frais aux fumerolles mêmes. Les marches gravies, nous apprécions le paysage ... mais également l'odeur particulière du souffre et achetons un sachet de 5 Kuro Tamago pour 500 JPY encore chauds, trop chauds pour être mangé directement.

Nous patientons donc et redescendons vers la station de téléférique. Et finalement, sur un banc, après avoir écaillé chacun notre oeuf, nous goûtons ces oeufs durs particuliers et allongeons notre vie ... ou pas :p. Franchement, c'est excellent, une cuisson parfaite, certainement parce que la température de l'eau sulfureuse n'est pas celle d'ébullition.

Après cette dégustation insolite, nous prenons un second téléférique descendant cette fois vers Souzan. Ensuite, nous empruntons un cable car à crémaillère jusque Gora et nous nous retrouvons ainsi sur l'autre flanc du mont Komogatake. Et ce n'est pas fini. Nous marchons encore pendant un bon kilomètre, dont la moitié du parcours s'avère être une suite d'escaliers parfois très escarpés, et arrivons finalement à un ryokan avec onsen (dont vous aurez le nom plus tard) juste avant 18h. Le ryokan est plus vieillot et usé que le précédent, mais l'ambiance reste charmante.

Ouf ... nous sommes arrivés à temps, sans quoi nous aurions raté le magnifique souper japonais qui nous attendait : le chabu chabu. Il s'agit d'une fondue dantesque de lamelles de boeuf et de légumes (choux, champignons, tubercules amidonnés) accompagné de tofu, de fritures, d'une soupe miso, et d'une omelette fourrée aux algues, au surimi, au concombre et au poisson. On plonge tout d'abord les légumes et puis chacun prend une lamelle de boeuf et la trempe dans le bouillon et l'agite pour faire "chabu chabu" jusqu'à la cuisson désirée. Ensuite, on trempe le morceau dans un bol de sauce à base soit de sésame soit de soja (et l'on dispose de deux bols à cet égard, afin de ne pas devoir choisir). On en fait de même avec les légumes. Nous arrosons le repas de bière Asahi ... En dessert, quelques morceaux de kiwis et quelques quartiers d'orange que nous accompagnons de thé vert. Quelle magnifique repas ... le pendant japonais de la raclette ou de la fondue bourguignonne.

Nous terminons la journée en profitant du onsen, certes plus spartiate, usé et moins spacieux, mais dont le bain est bouillant. Nous y fondons bien trop vite pour y rester et décidons de regagner nos chambres respectives ... il est 20h30. Il est temps de rédiger le post quotidien de nos aventures nippones.

PS pour PGD : On a pensé à toi ... et on s'est dit que le chabu chabu cela pourrait être sympa pour fêter ton Bday après notre retour que l'on rate aujourd'hui.

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